Red Room

Dans une villa déserte,...

...au milieu de nulle part, un film est stoppé par manque de budget. Plongée dans l’expectative, l’équipe part lentement à la dérive. S’installe une forme d’errance immobile. Des relations se créent et se défont. Le réalisateur comprend le potentiel de ces situations éparses. A travers le prisme de son imagination, une fiction se construit.

Les souvenirs que l’on conserve d’un moment de vie sont toujours partiels, tronqués. Quand on feuillette un album photo, les souvenirs affluent, mais parfois de manière confuse, dans une chronologie bousculée. Ainsi fonctionne Red Room. Le film nous plonge dans l’inconscient, où les images sont montrées comme viennent les pensées, dans le désordre, et naviguent librement entre la fiction et la réalité.


Sorte de « street movie », ...

Red Room dévoile les fragilités d’une jeunesse en quête de sens. Les dialogues sont construits comme une accumulation de points de vue, de scénarios alternatifs. Les acteurs glissent d’un personnage à l’autre.

Le film se déroule entre le studio du réalisateur et la villa, lieu du tournage. Le studio représente la réalité (la quête d’argent, la vie quotidienne du réalisateur, les essais, les lectures du scénario) et la villa, la fiction, l’œuvre imaginée. Ces deux univers, réalité et fiction, se croisent et se mêlent. Les commentaires en voix off du réalisateur servent de fil conducteur au film, et à travers son imaginaire, la fiction se construit. Il n’y a pas d’histoire suivie, uniquement des situations : des rencontres, des départs, des relations amoureuses qui se créent ou se défont. Les histoires s’entrecroisent et petit à petit apparaissent les relations complexes qui les relient.

Le temps suspendu crée une tension croissante. Certains « continuent » le film dans le vide (le preneur de son enregistre ce qui l’entoure,...). L’attente exacerbe les rapports humains. La tension est telle que commence une désagrégation des personnages.

Bref, il s’agit de...

Réflexion sur une menace invisible. Le temps suspendu. Le monde victime de son propre chaos. Le transitoire. Le fugitif. Le contingent de la vie et des images assorti d’une mise en abyme du cinéma.